mardi 25 septembre 2007

JE SUIS...

L'association AIDES est à l'origine d'une campagne d'affichage pour lutter contre la discrimination des séropositifs. Le rejet social peut en effet générer autant de souffrances et de complications que la maladie (attitude de l'entourage, du personnel médical, perte du travail, refus d'accès à un prêt immobilier...). L'idée de base : la photo-portrait d'une personnalité (artiste, sportif, présentateur tv, politique..) en noir et blanc et une question au conditionnel "est ce que vous me trouveriez aussi drôle / je serais encore au 20 heures / vous voteriez pour moi ... , si j'étais séropositif ".
Cette idée aurait dû faire une campagne percutante. Pourtant elle ne l'est pas. Elle ne se distingue pas parmi d'autres campagnes consensuelles. Elle passe à côté de sa cible.
Pourquoi ? Cest simple. La lutte contre la discrimination ne peut passer que par l'AFFIRMATION. L'AFFIRMATION c'est dire "JE SUIS" et pas "SI J'ETAIS". C'est du présent pas du conditionnel. Dire "si j'étais" de la part d'une personnalité c'est sous entendre "moi qui ne suis pas séropositif" (mais qui veut bien prêter mon image). Dès lors que la formulation exclut d'emblée la séropositivité éventuelle de la personnalité en question, la discrimination subsiste. Il y a d'un côté les personnalités non séropositives (célèbre, riche , glamour et généreuse puisqu'elles acceptent de participer), de l'autre les gens ordinaires potentiellement séropositifs.
Imaginons la même affiche avec la question suivante : "JE SUIS SEROPOSITIF. Etes vous prêt à voter pour moi ? " Peu importe le statut sérologique réel de la personnalité, dire JE SUIS SEROPOSITIF c'est une affirmation courageuse de solidarité. Il n'y a plus de distinction. Tout le monde peut être séropositif, même Nicolas SARKOZY, même Claire CHAZAL, même Fréderic MICHALAK....Cela interroge et dérange le lecteur. Il y a nécessairement une projection. Evidemment, si le message avait été formulé de cette manière, combien personnalités auraient elles accepter de participer ?
JE SUIS SEROPOSITIF, VOUS CONTINUEZ A LIRE MON BLOG ?

5 commentaires:

Le P'Tit Gars a dit…

Je suis d'accord, et tu le sais déjà, sur l'ambiguité grammaticale de cette campagne .... et effectivement, je pense également que peu de personnalités aurait accepter de faire la campagne si le texte avait été différent. Toutefois, je te trouve un peu dur sur le fait que cette campagne rate sa cible. En effet, pour le grand public, il est déjà très percutant d'associer une tête connue avec le le mot séropositif et le logo de AIDES. Je passe sur le fait aussi que, pour participer à la campagne, les candidats ont du se positionner sur le VIH et ses implications sociales .... bon OK quand on voit les lois Sarkozy sur l'immigration, on peut s'interroger sur la pertinence de cet engagement !!! Pour ton info, je te signale quand même qu'il existe une campagne où des personnes séropositives s'affichent à visage découvert ... des personnes anonymes .... Enfin pour finir, je te signale que pour le 1er décembre, les participants ADES de la marche entre Bastille et Beaubourg portait des poncho sur lequel était écrit "VIH positif". Je faisais partie de ces gens là et je te l'accorde le geste militant est extrèmement fort ... j'espère que l'expérience sera reconduite cette année.

le saut a dit…

Cette campagne - qui évidemment a le mérite d'exister - est bien symptomatique de la perception de la séropositivité dans la société. Aucune personnalité n'aurait accepté de dire "je suis séropositif" (par peur ? de quoi ? ...) Pour que "ça passe" on est obligé d'atténuer le message. Donc la séropositivité, ça passe mal, c'est tabou (contrairement à d'autres pathologie plus "acceptable" : diabète, maladies génétiques...). Heureusement donc qu'il y a des militants qui ont une vraie démarche d'affirmation.
Entre une personnalité qui délivre un messsage théorique "soft" et un "inconnu" qui témoigne de son vécu réel (souvent "hard"), quel est le message le plus percutant pour le grand public ?

Anonyme a dit…

Je comprends ce que tu veux dire, néanmoins on peut difficilement défendre une cause en mettant en avant une fausse information : la réaction du public ciblé peut se transformer en rejet de la campagne en bloc.

De plus AIDES comme certains militants d'ACT-UP luttent contre cette banalisation de la séropositivité afin d'en faire non pas un critère d'exclusion, mais un point de vigilance et montrer que la maladie n'est ni banale ni anodine.

Cela dit, ce qu'on oublie c'est les messages de prévention des 15-25 ans, à un moment de la vie où on est censé apprendre les gestes sexuels pour la vie.

Enfin, même si tu es séropositif, cela ne te dispense pas de conjuguer correctement le verbe "continuer". Non mais des fois.

La bise.

Anonyme a dit…

toi dire bonjour à la dame

le saut a dit…

c'est corrigé. merci pour la correction grammaticale.